Solidarité : définition et principes clés du concept

En 1893, Émile Durkheim distingue solidarité mécanique et solidarité organique, bouleversant l’approche classique des liens sociaux. L’Organisation des Nations unies inscrit ce concept dans ses principes fondamentaux, mais les interprétations divergent selon les contextes culturels, économiques ou juridiques. Entre obligation morale, devoir légal et stratégie collective, la notion ne se laisse pas enfermer dans une seule définition.

Les récentes réformes des politiques publiques en Europe illustrent la tension persistante entre responsabilité individuelle et entraide collective. Les débats sur l’universalité ou la conditionnalité des aides rappellent que les contours de cette notion restent mouvants, soumis à des influences multiples.

Qu’est-ce que la solidarité ? Définitions, origines et grands courants de pensée

Impossible de contourner la solidarité quand on parle de sciences sociales : le mot traverse les époques, les idéologies et s’invite dans tous les débats. Selon le contexte, il change de visage. Tantôt principe éthique, tantôt socle juridique, parfois pilier de la cohésion sociale ou encore boussole pour l’action politique. Dès le XIXe siècle, Auguste Comte en fait un moteur de la société, mais c’est Durkheim qui, en 1893, change la donne avec « De la division du travail social ». Il distingue la solidarité mécanique, typique des sociétés traditionnelles où tout le monde se ressemble, et la solidarité organique, fruit de la division du travail dans les sociétés modernes : ici, la diversité crée l’interdépendance.

En fouillant la généalogie du concept, on croise la justice, l’égalité, mais aussi ce sentiment d’appartenir à un tout. Léon Bourgeois, figure du solidarisme à la fin du XIXe siècle, défend l’idée d’une responsabilité collective et d’une coopération qui va au-delà du simple vivre-ensemble. Le collectif dirigé par Marie-Claude Blais, « La solidarité, histoire d’une idée » (Gallimard, 2007), décortique l’essor du terme et son impact sur les politiques sociales françaises.

Voici comment la notion se décline aujourd’hui, selon plusieurs axes majeurs :

  • Solidarité sociale : colonne vertébrale de la justice sociale, elle façonne le droit, inspire la sécurité sociale et guide les politiques publiques.
  • Solidarité éthique : elle s’ancre dans une obligation morale qui dépasse le droit, et nourrit le débat sur les droits et devoirs de chacun.
  • Solidarité et sciences sociales : outil transversal d’analyse, il permet de comprendre la cohésion sociale, la transformation des sociétés et l’évolution des liens collectifs.

Des penseurs comme Durkheim ou Blais encouragent à questionner les racines de la solidarité : héritage philosophique, construction juridique, projet politique ? Le concept reste un prisme précieux pour observer la mutation des sociétés, en France comme ailleurs.

Entre entraide spontanée et organisation collective : comment la solidarité s’exprime-t-elle aujourd’hui ?

La solidarité s’exprime aujourd’hui à travers une multitude d’initiatives, du coup de main improvisé aux actions coordonnées sur le terrain. L’entraide spontanée surgit à chaque crise : inondations, canicules, épidémies. Dans les quartiers, entre voisins, amis ou collègues, la réaction est immédiate, portée par la proximité et la confiance. Récemment, lors de la pandémie de Covid-19, on a vu des réseaux de citoyens se mobiliser pour soutenir les plus fragiles, prouvant que la solidarité communautaire peut naître loin des institutions.

Mais la solidarité, ce n’est pas que l’élan du moment. Des associations, coopératives, mutuelles ou structures de l’économie sociale et solidaire s’organisent pour pérenniser l’entraide. Elles offrent des réponses durables, s’articulent avec les politiques publiques et tissent un filet de cohésion sociale sur la durée. Les professionnels du travail social, les dispositifs d’action sociale et les réseaux d’intervention locale jouent aussi ce rôle, en ancrant la solidarité dans le quotidien.

Les pratiques évoluent vite, notamment avec les réseaux sociaux numériques. Ces plateformes accélèrent la circulation d’informations, mobilisent rapidement et soudent de nouvelles communautés autour de causes précises. Désormais, la frontière entre engagement personnel et organisation collective est bien plus poreuse qu’avant.

La solidarité d’aujourd’hui, c’est donc un mélange d’initiatives citoyennes et de dispositifs organisés. Cette hybridation, étudiée par les sciences humaines et sociales, invite à repenser les formes de gouvernance et à explorer les solidarités émergentes, face aux défis du développement social.

Mains de différentes générations qui se tiennent

Solidarité et société : quels enjeux pour les politiques publiques et le vivre-ensemble ?

Le principe de solidarité irrigue depuis longtemps les politiques sociales, en questionnant sans relâche le rôle de l’État dans la redistribution, la protection et la cohésion de la société. Avec la création de la sécurité sociale en 1945, la France inscrit la solidarité dans un projet collectif : garantir l’accès aux droits fondamentaux, réduire les écarts, soutenir ceux qui en ont le plus besoin. Ici, la justice sociale se mesure à la capacité de conjuguer équité et efficacité, tout en naviguant entre exigences de justice et contraintes budgétaires.

Sur le plan juridique, le principe de solidarité structure les dispositifs d’administration et d’action publique. Les droits à la santé, à l’éducation, à la protection sociale prennent racine dans cette base commune. Les débats sur les droits de l’enfant, la prise en charge de la dépendance, les politiques de logement ou d’emploi, illustrent la tension permanente entre solidarité nationale et responsabilité personnelle.

Plusieurs enjeux majeurs se dégagent pour les décideurs et les citoyens :

  • Adaptation des politiques : réformes des retraites, modifications des aides, ajustements des financements.
  • Défis contemporains : vieillissement de la population, migrations, nouvelles formes de vulnérabilité.
  • Échelles d’intervention : du quartier à l’Union européenne, la solidarité s’invente face à la mondialisation et redéfinit l’ampleur de la Providence.

La montée des inégalités, les crispations autour du partage des ressources, et l’envie grandissante de participation citoyenne bousculent la conception même de la solidarité. Désormais, la question n’est plus uniquement de proclamer de bonnes intentions, mais d’impliquer tous les acteurs, institutions, associations, entreprises, citoyens, dans une responsabilité qui se partage et se construit collectivement.

À l’horizon, la solidarité ne s’annonce ni figée ni universelle, mais mouvante, à réinventer sans cesse, au gré des mutations de nos sociétés. Reste à savoir jusqu’où cette dynamique collective saura tenir tête aux vents contraires de l’individualisme, et sur quelles bases elle choisira de se réinventer demain.

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